HORISHI
Souhaitant l’ e u p h o r i e
tourmenté par l’envie de Van Gogh
le tatoueur commence à tailler
un tournesol
une couche de p e a u
la peau la t o i l e
absorbant le soleil
les pétales s’ é c a r t e n t
chaque piqûre le globe oculaire
les pouces les doigts de Van Gogh
marquant la p e a u
injectant des colorants
la peau la t o i l e
absorbant le soleil
chaque pétale teint en jaune
une touche de vert et de blanc
d’un seul coup
une auréole bleue brillante
le feuillage d’or du coeur
du soleil
la signature mystique
la signature mystique de Van Gogh
cachée entre les cuisses du guerrier samourai
le mot l’énergie du L o g o s
l’encre le sang
la peau transpercée par les épines
la peau la t o i l e
absorbant le soleil
le bruit des aiguilles
l’ondulation des vagues
des vagues et du vent
la peau la t o i l e
absorbant le soleil
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LA FEMME DE JESUS
C’est la peau et des cheveux
de la maîtresse yoga de Rosario au Portugal
Souviens-toi lorsque j’ai dit que ses cheveux
étaient une longue corde sinueuse
tombant sur sa clavicule
sous l’épaule
une longue corde
sinueuse
tombant
sur sa poitrine
Désireuse la peau la peau déchirée
comme les pétales de fleurs
Désireux les couteaux du Portugal
répétitifs rythmiques monotones
les os coupés la chair pourrie
Souviens-toi lorsque j’ai dit que la peau
rugueuse les cellules mortes des cheveux
répandues transformées
devenues bourgeon
un bourgeon devenu fleur
un lys vert pâle sortant de la boue
où se reproduisent des huîtres
la boue de Rosario au Portugal
Souviens-toi lorsque j’ai dit la lumière
rosée d’une pâleur spectrale
sa peau sa chevelure
Souviens-toi lorsque j’ai dit sa voix ensorcelante
sa voix rapide sa voix disant
“les Portugais sont de grand voyageurs”
Souviens–toi lorsque j’ai dit qu’elle avait baigné
les corps des amputés
enveloppant
leurs members de bandages
qu’elle avait soigné et fait vivre
nourrissant les mutilés
aux mutilés des accidents
aux mutilés des accidents de chemin de fer
de voiture
aux mutilés de guerre
Souviens-toi lorsque j’ai dit qu’elle fredonnait
et chantait en portugais
en attachant leur prothèse
elle fredonnait et chantait
les voyant reprendre vie
se levant de la tombe comme Lazare
comme Lazare sortant de la tombe
Ses bontés bannissant le mal de monde
la lumière rosée d’une pâleur spectrale
Souviens-toi lorsque j’ai dit qu’elle avait rêvé
d’un taureau noir du Portugal
les jambes amputées
elle avait rêvé d’une naine riant
le visage pur
la lumière rosée d’une pâleur spectrale
Il s’agit de Barbara de Jesus
de Rosario Portugal
elle se trouvait devant une ruche
une ruche d’abeilles
elle écoutait le travail du coeur
la lumière rosée d’une pâleur spectrale
la maîtresse yoga respirait
les étudiants respiraient en étendant leurs mains
comme les danseuses balinaises
des cellules mortes de cheveux
répandues transformées
Souviens-toi lorsque j’ai dit qu’elle s’etait assise
sur son talon
chantant chantant chantant
lingam yoni vida morte
lingam yoni vida morte
lingam yoni vida morte
la lumière rosée d’une pâleur spectrale
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LE CERVEAU PRIMAIRE
Voilà une sculpture
en bois taillé
c’est Marie-Madeleine
Marie-Madeleine
dans la lumière violette
Devant la sainte
la belle pénitente
se trouve un monstre
de couleurs vivantes
de signes astrologiques
c’est un monstre qui s’appelle
Gila –Gila
lui aussi dans la lumière violette
pour rendre homage
pour rendre homage à la sainte
Voilà un beau reptile de couleurs vivantes
de signes astrologiques
d’une forme majesteuse
dont le cerveau compose
un vrai poème élégiaque
Voilà Marie-Madeleine
Marie-Madeleine la belle pénitente
tous les deux
sans péché
dans la lumière violette |